Une ruelle adjacente

Wilfried . Salensiel a écrit:: Le jeune voleur vit avec stupéfaction la gamine mal peignée s'en aller sans un mot de plus, sans faire attention aux mots qu'il venait de prononcer. Il se gratouilla la tête, dans une mimique parfaite du gentlemen perdue et pas très futé. Mais son cerveau fonctionnait activement. Bon, la demoiselle semblait avoir eut un accès d'intelligence passager... Mais si elle restait stupide, peut être pouvait elle réellement lui être utile.
Cette taverne n'était pas le meilleurs endroit pour discuter en tout cas!
Wilfried parcourue la salle du regard. La jeune rouquine tait en pleine dispute avec la grosse serveuse, l'autre, celle qu'il avait entreprit, était elle aussi occupée... En fait, personne ne s'interressait à lui, et ça n'était pas plus mal.

Il commença à se lever, déposa des pièces sur la tables, en garda dans la poche, et se dirigea enfin à pas legers et étrangement souples vers la porte. Il se rendit compte de sa démarche après quelques pas, et adopta directement, avec fluidité, un pas beaucoup plus posé et conquérant. Plus ferme. Il arriva à la porte en passant devant la femme qu'il reluquait un moment plus tôt, et la doubla sans lui prêter aucune attention.

*Ah mince, j'allais oublier quelque chose moi.*

Le jeune homme se retourna, souriant, et ses yeux dorés prirent un éclats légerment ironique lorsqu'il parla:

- Je suis désolée, je vous l'emprunte. Camelot, vous ne pouvez pas le manquer, c'est le gros machin qui dépasse.

Sur ces mots, il attrapa Belladona assez brusquement, et se retrouva dehors en quelques secondes, la jetant sur ses épaules pour éviter tout risque de dérobade. Dehors, son cheval rachitiques l'attendait, le regard brillant d'intelligence. Ce qui n'était pas le cas d'un superbe palefroi d'un blanc imaculé. Contrairement à la monture peu reluisante de l'assassin, son regard dénotait seulement une absence de reflexion.
Wil s'éloigna, suivit par son cheval, et tourna dans une ruelle. Là, il déposa sans ménagement Belladona, la plaquant contre le mur sans vraiment le faire exprès. Il s'écarta de deux pas.

- Bon, petite, tu as gagné. j'ai un peu besoin de toi pour l'emplacement des trucs que tu sais, et toi tu as sans doute besoin qu'on t'empêche de faire des anneries. Je t'ai tiré du pétrin à l'intérieur. Je peux recommencer tant que tu ne m'ennuis pas et que tu m'aides.

Pour une fois, son regard était franc, sans détour. Il pensa soudain à la noble qu'il avait cavalièrement abordé. Il ne fallait pas qu'elle se souvienne de ce qu'elle avait vu, mais en dernier recours, il pourrait toujours la supprimer si elle posait problème. Et tiens! SOn oiseau? Il était passé où celui là?

Le mainate avait décidé de rester sur l'épaule de Nya. Ses petits yeux faisaient passer le message suivant:

*Vous avez une épaule très confortable, et votre apparence me donne du prestige. Je crois que je vais rester avec vous un moment.*

Belladona allait suivre la belle dame quand elle se sentit arrachée au sol. D'abord le souffle court, elle retrouva bien vite ses esprits et entreprit de cribler le dos de son ravisseur de coups de poings rageurs qui devaient avoir sur lui l'effet de piqures de moustique : désagréable, mais facilement négligeables.
Lorsqu'elle eut comprit qu'elle ne pouvait rien faire devant la masse de muscle du grand étranger, elle se laissa retomber sur son épaule, prenant tout de même soin de lui envoyer la pointe de son pied nu sous son plexus solaire.
Il la déposa au sol, à son grand soulagement, mais sa grande main la projeta contre le mur, et elle ne put retenir une grimace de douleur.
Boudeuse, elle croisa les bras et lui tira la langue. Qu'est-ce que ce grand bringue lui voulait, encore ? En plus, elle n'était pas de bonne humeur. La gentille dame - hum... - allait l'emmener, et puis elle était plus jolie que lui, d'abord.
Mais il lui faisait tout de même une proposition des plus alléchantes pour elle. Et puis au pire, s'il refusait de la nourir, elle lui chiperait un ou deux morceaux de viande.
Mais elle ne lui parlerait pas. Na. Bien fait pour lui !
Et puis elle ferait semblant de bien l'avoir eu ; elle n'allait pas montrer qu'elle était d'accord, non mais ho !
Elle hocha la tête de haut en bas, faisant voler ses mêches emmêlées sur le visage du monsieur pas beau qu'elle allait cotoyer pendant un bout de temps, et marmonna :

- Mmh. Haasbawaste*.

*Mot grossier d'origine naine voulant dire Ok.

Wil, qui comprenait n'importe quelle langue, sauf le nain, allez savoir pourquoi, d'ailleurs, allez savoir pourquoi il comprenait les autres.. en fait si, c'était parce qu'il n'avait jamais eut à discuter avec des nains pour le travail à vrai dire.
Le beau gosse ténébreux, comme se plaisait à le nommer certaine rousse patronne de taverne, eut un grand sourire:

- Paaaaaarfait!! je ne sais pas du tout ce que tu viens de dire, mais tu n'as pas vraiment de choix. Ou tu t'enfuyais en courant, où tu restais avec moi. j'en déduit que même si ma compagnie t'es désagréable, tu comptes qu'on s'entraide.

Il ne lui dit pas qu'une centaine de filles auraient aimaient prendre sa place. En vérité, parmit toute les filles qui avaient un jours espérer l'accompagner, il n'en avait accepté qu'une, et l'avait laissée fulminante sur le bord de la route après deux heures de voyages.
Belladona ne désirait plus l'accompagner, et c'est pour cela que sa présence ne le gênait plus vraiment.
Le jeune homme épousseta vaguement sa veste, sans aucun espoir véritable d'amélioration.
Il était miteux et le resterait. Il se planta devant la gamine ébouriffiée:

- Bon, par quoi suggère tu que nous commencions?

Il évita de justesse de rajouter chère associée. La situation l'amusait. Pour l'instant...

Belladona se gratta le nez.
Silence.
Elle réitéra, espérant que cela lui donnerait l'air intelligent, ce qui n'était pas du tout le cas. D'ailleurs, on pouvait se demander ce qui avait pu lui mettre une telle idée dans la tête, car il n'existe qu'une personne au monde à pouvoir le faire de manière convenable...
Quand elle comprit que le silence qui venait de s'ensuivre était du à son propre mutisme, elle se suggéra mentalement de dire quelque chose.

- Quelque chose !

Non, mince, pas comme ça ! Mais quelle manie de tout prendre au sens propre...

- Pardon. Pas ce que je voulais dire.

Alors, réfléchir, maintenant, et un peu plus vite. De connection synaptique à connection synaptique, elle en déduisit qu'elle ne savait pas quoi répondre à la question de son nouvel associé. Mais étant donné l'air peu sympathique de celui ci, elle doutait que cette réponse lui convienne.

- Je... heu... Vous voulez voir des trucs qui brillent, alors ?

Bravo, quelle répartie ! Quel sens de la déduction !

- Ben... on peut aller à plein d'endroits. Ca dépend si vous voulez rester en ville ou pas. Mais vous m'embêtez, je suis pas sensée parler, moi ! Vous devez me demander de vous conduire à un endroit particulier, et moi je vous y emmène sans rien dire. C'est pas du jeu, sinon !

Elle croisa les bras et déglutit. Pfiou, ça consommait un max de liquide, de baffouiller !

Wilfried, appuyé négligeament contre le mur, écouta en souriant la gamine pérorer. Il jouait distraitement avec un couteau qu'il tournait entre ses doigts fins et agiles. es doigts qu'on voyaient très bien se glisser dans le corsage d'une demoiselle, ou alors dans un coffre remplis de pierreries.

Ah! Voilà que Belladona se mettait à faire des manières..
En entendant ses délires, il éclata de rire, et sourit largement. Elle lui plaisait bien, son esprit ressemblait étrangement au sien par bien des côtés. Pour l'instant, il disait bien pour l'instant, il serait amusant d'être accompagné par elle.
Machinalement, le voleur voulut attraper son oiseau sur son épaule. Oiseau qui n'était pas à sa place. Mince. Il comptait sur lui pour aller voir ce qui se trafiquait au château...

Wil rangea sa lame dans sa botte, et, pensif, attrapa Belladona par les hanches, avant de l'asseoir sans difficutlé sur le pommeau de sa selle, auquel était accroché un long bâton. Il s'élanca ensuite lui même en selle.

- Bon.. Essaye de paraître fatiguée et pauvre...

Cette dernière précision n'était pas vraiment utile, elle le paraissait déjà. Mais on n'était jamais trop prudent.
Wil avait décidé de se faire la main, et de repérer les lieux.

- Ca te dit d'aller visiter Camelot? On pourrait y faire des provisions.

Lança t il à sa petite passagère, alors que le cheval se mettait au pas, un pas lent et flâneur, le pas du cheval intelligent qui n'a pas envie de se fatiguer. Wil, lui, avait reprit son attitude bossue et fatiguée, et s'était enroulée dans son manteau poussiéreux.
Personne de la taverne ne l'aurait reconnu, son oeil s'était éteint, son visage ramollit, et il semblait vieux.

Belladona se grattait la tête quand elle sentit ses pieds décoller du sol. Elle regarda les pierres mal agencées s'éloigner d'elle avec des yeux ronds - les siens, pas ceux des pierres - et se demanda si le grattage avait des effets halucinatoires. Il est intéressant de noter que sa première pensée fut :

*Oooh ! Je vole !*

La deuxième se perdit en route quand un choc lui annonça que ses fesse s'étaient posées sur quelque chose de dur, chaud, poilu, et un quelque peu malodorant. Ah, un cheval. En tout cas, ca y ressemblait : quatre pattes, des poils, des sabots, une tête, une crinière et une queue. Elle comprit alors qu'elle n'avait pas volé, chose rassurante, parce que tout le monde sait que les mendiantes ne volent pas. Enfin...
Nouveau grattage de tête, mais plus vigoureux. Si, les mendiantes volent, elle l'avait déjà fait !
Elle en était là dans ses pensées hautement philosophique - et embrouillées - quand on lui demanda de se conduire comme une jeune fille pauvre et fatiguée.
Elle analysa la phrase : "on", c'était le monsieur, ça, c'était facile. Mais après, ca se compliquait. Comment faire semblant d'être ce qu'on est déjà ? Elle comprit alors et éclata de rire :

- Ben, vous savez, monsieur, c'était vraiment pas la peine de me le demander !

Elle repartit dans ses pensées et se rendit compte que le cheval s'était mis en marche. Mince, alors ! Ca bougeait vachement, ce truc ! Ne trouvant nul part ou s'accrocher solidement, elle batit des bras dans les airs en émettant des bruits assez étranges, avant de décider qu'elle devrait tenir toute seule.
Elle avait tort, évidemment, et glissa inexorablement de la selle. Elle se raccrcha à une touffe de poils, se redressa, et tenta tant bien que mal de se caler plus solidement. Bon, comme ça, ça irait. Elle courba l'échine, comme elle avait vu des chevaliers errants le faire en entrant dans la ville, ce qui lui donnait l'air stupide, comme d'habitude. Elle murmura :

- A Camelot ? Chouette, y'a plein de nourriture à manger ! Et si vous voulez, je sais où on peut trouver plein de pierres brillantes sur un truc jaune qui brille aussi.

Wilfried savoura un moment la vision de Belladona qui se dépatouillait pour rester stable sur le cheval. Le jeune homme la stabilisa ensuite en passant un bras autours de sa taille, tenant les rênes de l'autre main. Il souriait sans s'en rende compte, se marrant à l'idée de la tête qu'auraient fait certains de ses anciens employeurs en voyant qu'elle fille il avait choisis pour l'accompagner.
Puis il se réinstalla dans son attitude antérieur, paraissant plusieurs fois son âge, et maintenant fermement Belladona.
Le cheval s'avançait maintenant d'un bon pas, et ils approchait de la grande porte de Camelot.

- Des pierres brillantes sur un truc jaune brillant aussi? C'est interressant oui.

L'ex Salensiel se creusa la tête pour savoir ce que pouvait être ce machin jaune qui brillait, puis il abandonna. Vu la gamine, ça pouvait être n'importe quoi, et plutôt n'importe, que quoi, alors... Il haussa les épaules comme pour chasser l'interrogation de sa tête.
Ce qui comptait, c'était les pierre. Et puis en général, quand ça brillait, c'était de valeur alors...

- Bon d'accords on va aller les chercher ces machins brillants. Tu connais sûrement un passage discret pour y aller non?

Will présumait que si la gamine échevelé avait pu voir les machins qu'elle avait vu, ça ne devait pas être avec l'accord du propriétaire... Partant de là, elle connaissait sûrement un moyen d'arriver jusqu'au butin sans se faire voir.
Ensuite, il pourrait toujours aviser pour la suite.

Belladona sentit un bras l'attacher au cheval, et elle fut un instant tentée de le mordre. Quoi, quoi, on l'enlevait ? Ah, non, c'était Wilfried.

*Je le savais, hein, de toute manière, c'était juste pour de rire...*

Elle redressa la tête et regarda joyeusement les choses autour d'elle : tout était plus petit, vu d'en haut... elle se souvint soudain qu'elle devait avoir l'air miséreuse - voire misérable - et elle tenta alors de courber l'échine.
Peine perdue : deux minutes plus tard, elle avait à nouveau le nez en l'air, se demandant si elle risquait de se prendre des excréments d'oiseaux à rester autant en altitude.

*Mais, reprend toi, Bella ! Et puis arrête de parler toute seule, ça fait pas bien. Ah, mais non, je suis bête, je parle que dans ma tête ! Hum, bon, bref. Ah, il me parle. Oui, monsieur, je connais un... crotte, à voix haute, ça sera plus utile, à mon avis...*

- Voui, y'a plein de passages ! Parce que sinon, il faut passer devant les gardes, et les gardes, ben ils sont méchants, pas comme toi, monsieur. Toi t'es méchant, mais pas pareil.

Elle redressa de nouveau la tête pour se repérer, et déclara fierement :

- A droite ! Et puis après encore à droite, puis à gauche, puis à... je vous dirais le reste après !

Wilfried sourit en voyant sa petite sauvageonne regarder en l'air. Il se demandait ce qui pouvait bien passer dans son crâne de piaf. ( J'adore la perfidie de ton crâne de piaf, cf: Aladdin ) Elle n'exécutait pas tout à fait ce quil lui avait demandé, mais après tout, il ne savait même pas si lle le comprenait. Elle mettait toujours tellement de temps pour lui répondre...

*Ah, je savais bien qu'elle devait connaître une entrée discrète.. Sans aucun doute vers les cuisines aussi.*

Il avait vécut comme elle pendant pas mal de temps avant de devenir Salensiel le tueur, puis Will le voleur. Il savait que ce n'était pas toujours rose, mais au moins on était libre comme l'air, et pas comme un air confiné. Comme un air de montagne.

*Oula... Il faut que je fasse attention, ya des trucs bizarres qui me passent par la tête... Je commence à penser comme doit penser Belladona. D'ailleurs, c'est un nom curieux pour une mendiante comme elle, je l'aurais plutôt vue en ... Heu... En quoi? Martine tiens. Ou un nom court. Pas ce nom d'empoisonneuse. A moins qu'elle n'empoisonne l'existence, mais dans ce cas, elle ne vivra pas assez longtemps pour empoisonner la mienne*

En fait, et c'était rare, il trouvait sa compagnie agréable. D'habitude, il supportait difficilement de cotoyer plus que son cheval et son oiseau. La dernière fois, il avait poignardé son camarade de route après deux nuits de ronflements. Il ne l'avait pas fait la première car l'autre connaissait quelque chose d'utile.

- Alors droite droite gauche... Ca c'est sûr, les gardes sont méchants. Mais pas très dangereux si tu restes avec moi.

Il pressa légèrement les flancs de son cheval, et l'orienta vers la première à droite. Ils longeaient un mur. Sur la droite encore... Une brèche. Bizarre ça quand même, de laisser une brèche. Ah non, un cul de sac. Un mur entourant un cul de sac, étrange ça... Enfin, à gauche, un autre chemin.
La ruelle le long de laquelle ils avançait se faisait de plus en plus osmbre, l'ombre du château la surplombant cachant le soleil.

Belladona fredonnait un air sans queue ni tête - ce qui au final était tout à fait normal, elle se serait davantage préoccupée s'il en avait eu- en regardant les pierres humides du chateau. Ca et là, les tourelles s'espaçaient, laissant passer au travers des crenaux quelques rayons de soleil qui cognaient sur sa nuque.
Elle continuait de donner ses directives au monsieur, qui n'était peut-être pas trop méchant, finalement. Oubliant de lui répondre, elle se concentra sur sa trajectoire, tirant de temps à autre la langue avec application, comme pour stimuler sa mémoire.

- Heu... à gauche, je crois. Ou a droite. Non, gauche, en fait. Oui, oui, c'est ça.
S'il ne se posait pas des questions, c'est qu'il était plus insouciant que possible ; mais Belladona savait réellement où aller, et bientôt, elle brandit un bras couvert de tissus en lambeaux vers un renfoncement dans les ruelles.

- C'est là !

Les pierres exécutaient à cet endroit un retrait, comme pour laisser la place à une porte cochère ; mais à la place, pas de bois, rien. Belladona voulut rejoindre l'endroit, oublia où elle se trouvait à l'instant présent, et bascula dangeursement sur le coté avant de tomber lourdement sur le sol.

- Aiheu !

Se massant les muscles fessiers, elle ronchonna jusqu'au renfoncement et tapota quelques pierres.
Rien ne se produisit, à part l'intrusion de quelques cloportes, qui, dérangés dans la fraicheur des pierres du chateau par les coups répétés de la gamine, avaient préféré fuir l'endroit.

- Mais, bougeu !!

De dépit, elle donna un coup de pied au hasard, qui n'eut d'autre effet que la cuisante douleur qu'elle ressentit immédiatement au gros orteil. Se suçant le dit doigt lésé dans un effort de contorsion assez impressionnant, elle s'exclama soudain :

- Ah, mais oui, je sais !

Elle appuya à la fois sur une demi douzaine de pierre, utilisant à cette fin ses quatres membres principaux, son menton, et son postérieur encore douloureux.
Un raclement retentit, résonnant sur les murs de pierres ; puis, doucement, le pan de mur coulissa sur lui même, découvrant un passage dans la muraille.

- Tadaaaa ! C'est pour que les monsieurs qui vivent la dedans s'enfuient quand y'en a d'autre qui veulent leur couper la tête, expliqua-t-elle fièrement. Faites attention, c'est humide, il y a eu beaucoup de fuites...

Le cheval, Redak était intelligent et de bonne composition. Malgrès son air famélique et faible, il ne possédait que des muscles, et sa vitesse de pointe était assez impressionnante. Il avait décider d'accompagner Willfried parce que celui-ci lui ressemblait. Il ne paraissait pas ce qu'il était. C'était un cheval qui n'était pas monté. Il se laissait monter. Ce qui est une grosse différence, même si l'on ne s'en doute pas.
En tout cas, les directives de Belladona, que le voleur suivaient à la lettre, le portait tantôt vers la gauche, tantôt vers la droite, lui tirraillait la bouche, et il commencait à en avoir par dessus la tête de l'indécision permanente de celle qui se trouvait sur son dos.
Il bronchait et faisait la tête.
Will s'en aperçut, et lui flatta l'encolure, tout en lui adressant la parole. Il était des personnes qui parlent à leur cheval. Bien sûr, le sien le comprenait un peu, mais ça n'était qu'un détail.

- Reste calme Redak. je te le demande.

Enfin, après un temps interminable, Belladona indiqua un renfoncement dans les ruelles, ajoutant un brillant "c'est là". Il était temps. Redak en était au point de la jeter par terre. Il n'eut pas à le faire. la gamine s'écrasa d'elle même au sol, lui proccurant une intense satisfaction.
Will, qui se doutait e l'état mental de son cheval et imaginait sa tête, eut un sourire furtif, mais se retint de rire.
Il l'observa d'un air dubitatif tenter toutes sortes de contorsoins, mais n'eut pas le moindre mouvement pour aller l'aider.

- Bon, il se passe quelque chose ou quoi?

Il ne cilla même pas et n'eut pas la moindre réaction lorsque le mur s'ouvrit, même si dans son fort intérieur il était particulièrement étonné que Belladonna connaisse un passage comme celui là. ca ressemblait fort à une porte de sortie, et en général, les portes de derrière ne sont pas faites pour être connues.

- Je me douter que c'était pour ce genre de raison qu'on l'avait construite figure toi.

Répliqua-t-il en sautant au bas de sa monture. Il caressa un instant son cheval, lui ordonna de rester derrière mais comme d'habitude, et jeta un oeil à l'intérieur. Il n'eut aucun scrupule à pousser Beladona devant lui en lui lançant:

- Bon bah on y va! Je te suit. Avec un peu de chance, ce soir, on dors dans un bon lit.

Belladona, en constants progrès, n'avait fait que s'étaler légèrement au sol. Mais vraiment légèrement, tel le crottin léger et virevoltant du cheval qui a bien mangé.
D'humeur un peu trop poétique pour être honnête, la gamine de plus en plus crasseuse et ébouriffée ota de sa tignasse un brin de paille, chose qui se montra d'une navrante inutilité.
Bon, elle devait avoir l'air présentable, maintenant ; elle regarda autour d'elle, la bouche grande ouverte, rennonçant à parler à Wilfried parce que ça demandait trop de reflexion pour avoir l'air intelligent. Et en plus, ça ratait à tous les coups.
Elle avança en trottinant, et, désignant bêtement le seul chemin possible dans le dédale que constituait l'unique couloir du souterrain, cria :- C'est par lààààààà !

Le son de sa voix résonna sur les parois de pierre, et elle se mit à pouffer, s'arrêtant pour écouter les pérégrination de l'onde sonore qui se répercutait à l'infini. Puis son regard se posa sur Wil, et elle se souvint qu'elle devait être silencieuse. Elle se pencha donc en avant, et eructa un sonore :

- Chhhhhhhhttttttttt !

Qui se répercuta à son tour sur les murs humides du chateau. Bof, les gardes avaient l'habitude des allées et venues dela petite mendiante, ils ne diraient rien.
Elle poussa finalement un panneau de bois, une tenture, et se retrouva debout dans une cave à vin, aux murs tapissés de gros tonneaux de bois imprégnés d'alcool.

- Voilà, c'est là ! Chuchotta-t-elle avec entrain.

Wilfried s'aperçut avec stupeur que Belladona lui était malheureusement de plus en plus sympathique... Lorsque l'on aimait pas les humains, comme lui, c'était une découverte plutôt ahurissante. En fait, la gamine était tellement peu "humaine" finalement... C'était comme un nouvel animal de compagnie plus qu'autre chose.

A sa grande surprise, il arbora un bref sourire en la voyant indiquer avec fierté un chemin qui somme toute n'était pas bien difficile à trouver, et il se dépêcha d'ôter de sa figure ce qu'il prenait pour un signe de faiblesse lorsqu'il n'était pas calculé. Il haussa les épaules devant le comportement desespérément infantile de la mendiante. Bah. De toute manière, les passages de ce type ne débouchait pas sur des endroit peuplés. Du moins, il fallait esperer... et puis, Belladon pouvait être son pass magique, si les gens du coin la connaissait.
A son tour, avec une petite pointe de curiosité, il faut l'avouer, il passa le panneau de bois, et la tenture.

*Ou est ce qu'on va se retrouver?*

La plus élémentaire prudence commandait de ne pas agir ainsi, mais il semblait que certain reflexes de survie l'avait abandonné depuis sa rencontre avec la gamine ébouriffée.
Enfin, Will débarqua dans un petit paradis. Des tonneau qui fleuraient bon l'alcool couvraient les murs, et il n'y avait rien personne autours.

- Magnifique!

Il s'approcha d'un air grourmand d'un tonneau, fracassa le couvercle, en but une gorgée, fit claquer ses lèvres et déclama:

- Très bon cru... 5ans, ça aurait dû être juste, mais la vigne doit être de qualité... Un peu fruité... Bon en bouche.... Tu devrais venir goûter gamine!

Il s'empressa d'en reprendre une gorgé. Prendre les plaisirs comme ils viennent, c'est sa devise! On verra après pour le trésor!